Texte à l’écran : Ce film décrit des événements perturbants et des traumatismes vécus par les peuples autochtones au Canada. Certaines scènes pourraient provoquer de puissantes émotions ou des pensées négatives. Vous trouverez une liste des services de soutien offerts à la fin du film et sur le site Web.
Le texte disparaît lentement, ligne par ligne.
Texte à l’écran : Une production de BUILD. Films et de Networked Health, rendue possible grâce au financement et au soutien de l’Association médicale canadienne.
(Musique étrange)
(Femme vocalisant)
Titre, à l’écran : Devoir de mémoire
Extraits de journaux.
- [Narratrice] Je souhaite discuter avec vous de la qualité de l’espèce humaine, du point de vue selon lequel il n’y a d’enjeu plus urgent.
À l’écran : Des hommes portant des masques médicaux.
(Fire Songs de Nigel Irwin et Bryden Gwiss Kiwenzie)
Gros titre d’un journal : Il faut stériliser les Indiennes
(Musique menaçante)
- [Niki Ashton] La stérilisation des femmes autochtones est une forme de torture.
- [Journaliste] Selon un recours collectif, ça a lieu ici même au Canada.
(Chants autochtones)
Extrait d’un article de journal surligné : « Stérilisées à 35 ans ». Des infirmières souriantes tiennent des bébés.
- [Voix 1] On leur a imposé la stérilisation.
- [Voix 2] C’est tout à fait inacceptable, et nous ferons tout en notre pouvoir pour mettre fin à cette pratique.
Couverture de la biographie d’Emily Murphy, Crusader (Militante).
- [Voix 3] Les femmes autochtones d’ici sont toujours victimes du colonialisme et de la discrimination systémique.
Texte à l’écran : Les problèmes de la famille arriérée, par le révérend T. C. Douglas, B.A.
(Rebuild de Greyson Gritt et Silla)
Contour d’un arbre au tronc massif et aux multiples branches.
Bannière devant les branches portant le mot : Eugénisme.
(Notes de piano inquiétantes)
Femme dénée dans l’ombre.
Texte à l’écran : Naissance
Gros titre d’un journal : Stérilisons les inaptes par Clarence M. Hincks, M. D.
Un groupe de personnes devant un centre d’eugénisme.
(Bruit d’une bobine de film)
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur avance jusqu’à l’année 1867.
Photo de Sir John A. Macdonald, Premier ministre du Canada
- [Narratrice citant John A. MacDonald] Le grand objectif de notre loi est d’en finir avec le système tribal et d’assimiler totalement les Indiens au reste du Dominion le plus rapidement possible.
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur avance jusqu’à l’année 1883.
Photo d’Edward Blake, Premier ministre de l’Ontario
- [Narratrice citant Edward Blake] Si nous laissons la jeune Indienne, qui deviendra une squaw, acquérir les habitudes sauvages de sa tribu, l’Indien, quand il épousera cette squaw, risque fort bien de tomber dans la sauvagerie indienne à son tour.
Je sais combien il est difficile d’éliminer cette tare génétique.
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur avance jusqu’à l’année 1941.
Photo du Dr J. A. Bildfell, médecin, Arctique canadien
- [Narratrice citant le Dr J. A. Bildfell] J’ai réalisé cette année qu’il pourrait être opportun de rendre la stérilisation obligatoire. Je crois que dans ce cas-ci, la stérilisation serait justifiée et bénéfique aux Eskimos en général.
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur avance jusqu’à l’année 1961.
Texte à l’écran : Responsable des services sociaux, Hôpital Essondale, Colombie-Britannique
(Musique inquiétante)
- [Narratrice citant le responsable] La patiente est une jeune Indienne attardée qui a toujours été incorrigible, sauvage, indisciplinée et dévergondée. Il est donc fortement recommandé de la stériliser pour l’empêcher d’avoir des enfants illégitimes.
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur arrive à l’année 1973.
Vidéo de Jean Chrétien, Ministre des Affaires indiennes et futur Premier ministre du Canada
- [Jean Chrétien] Mon rôle me place vraiment dans une situation difficile. J’essaie d’être juste envers tout le monde. Ce n’est pas un travail facile.
- [Narratrice citant Jean Chrétien] Le gouvernement n’a pas de politique sur la stérilisation des Indiennes.
(Cliquetis d’un compteur)
Le compteur est entouré de titres de journaux. Il grimpe dans les années 1980, 1990 et 2000, puis s’arrête à 2015. Texte à l’écran : La stérilisation forcée des femmes autochtones serait toujours pratiquée au Canada.
- [Rachel Blaney] Aujourd’hui, le Comité des Nations Unies contre la torture a publié un rapport qui confirme ce que nous avons toujours su. Encore aujourd’hui, les femmes autochtones du Canada sont contraintes d’être stérilisées.
(Ice (Dań Kańghur) de Diyet & The Love Soldiers)
Dos de la veste blanche d’une Autochtone. Une vigne fleurie s’étend d’une épaule à l’autre, au-dessus de franges de cuir brun. La femme se retourne : une image montrant de jeunes filles faisant la queue est projetée vers elle.
Texte à l’écran : Morningstar Mercredi a survécu à la stérilisation forcée
Morningstar Mercredi s’avance et sort du cadre. La projection crée des ombres sur son visage.
(Chanson en tutchone du Sud)
Texte à l’écran : Morningstar Mercredi est une poétesse dub, une conteuse, une auteure, une actrice et une militante sociale
Morningstar Mercredi se tient immobile, le visage inexpressif. Elle porte une veste blanche et un foulard rouge.
L’écran demeure noir. On entend parler, mais les propos sont inintelligibles.
(Gens discutant au loin)
On voit lentement apparaître un lac scintillant et des maisons près de l’eau.
(Magdalene de George Leach)
Des oiseaux noirs survolent des structures résidentielles simples.
Texte à l’écran : Enfance
Un jeune garçon autochtone transporte une grosse bûche.
- [Narrateur] Je suis né et j’ai grandi à Fort Chipewyan, en Alberta.
J’appartiens à la tribu des Chipewyan.
Quand j’avais à peine 7 ans et demi, j’ai eu la tuberculose.
En classe, je toussais, crachant du sang sur mon bureau.
(Enfant qui tousse)
Les sœurs ont décidé de m’envoyer à Edmonton.
Nous avons pris un petit avion de brousse.
Et, le lendemain matin, on m’a accompagné à la gare.
J’ai pris ce qu’on appelait le « train de la tourbière », parce qu’une grande partie du trajet était en terrain marécageux.
Une sœur grise m’attendait à Edmonton. J’imagine qu’elle venait de l’hôpital pour « Indiens » Charles-Camsell.
Elle m’a amené à l’hôpital.
Animation montrant une religieuse et un garçon tenant un sac aux abords d’un chemin de fer.
(Chant plaintif, voix masculine)
- [Narrateur] Environ deux jours plus tard, on m’a opéré. On a retiré le lobe supérieur de mon poumon droit.
Après l’opération, j’ai commencé à me promener.
J’étais un jeune garçon curieux, je m’intéressais à tout et à rien.
Les employés, je ne sais pas qui précisément, ont décidé de m’enlever le bas de mon pyjama pour que j’arrête d’aller et venir.
Mais, j’ai quand même continué de me promener, les fesses nues.
Puis un jour, ils m’ont dit : « On va te mettre des plâtres. »
Sans me dire pourquoi, ils m’ont mis un plâtre du haut de la cheville jusqu’au bas du genou, sur les deux jambes. Les plâtres étaient reliés par une barre de 15 centimètres qui m’empêchait de marcher.
Puis ils m’ont mis dans une petite pièce d’environ 9 mètres carrés. Il n’y avait pas de fenêtres, c’était au bout du corridor.
J’étais comme un prisonnier, carrément. C’est comme ça qu’on me traitait.
Pour me rendre à la toilette, il fallait que je me déplace comme un pingouin.
À quelques reprises…un préposé m’a amené à la toilette…et m’a sodomisé.
(Chant plaintif, voix masculine)
Illustration d’un jeune garçon torse nu qui regarde vers le haut dans la noirceur absolue.
- [Narrateur] Je n’ai reçu aucune éducation. Je n’ai eu aucune visite en deux ans et demi.
La solitude m’a envahi à de nombreuses occasions.
Puis un jour, sans avertissement, ils m’ont dit qu’ils me renvoyaient chez moi.
L’un des grands moments de bonheur dans ma vie aura été mon départ de cet hôpital pour rentrer chez moi.
(Michael Grandgambe's Love Song (For Rosie) de Stephen Kakfwi)
Malgré tout ce que j’ai pu vivre, vous ne me verrez pas verser de larmes.
J’ai arrêté de pleurer il y a très, très longtemps.
Petite tête d’oiseau gravée portée en pendentif.
- [Narrateur] Je suis rendu à un point dans ma vie où je ressens le besoin de raconter mon histoire.
Tatouage sur une main.
- [Narrateur] Je m’appelle Sonny James MacDonald et je veux que le monde sache exactement ce qui m’est arrivé.
Photo aux teintes sépia d’un bâtiment de trois étages.
Texte à l’écran : Sonny Macdonald a passé deux ans et demi à l’hôpital pour “Indiens” Charles-Camsell
(Musique à la guitare)
Photo de personnel médical portant des masques auprès de jeunes garçons autochtones.
Texte à l’écran : L’hôpital Charles-Camsell était l’un des 29 hôpitaux du Canada où l’on ségréguait les Autochtones. Il a fermé ses portes en 1996.
(Magdalene de George Leach)
Texte à l’écran : Aux yeux de la loi canadienne, un Autochtone qui refusait l’admission à un hôpital commettait un crime.
Le 20 avril 2021, Sonny Macdonald s’est éteint chez lui, sa famille à ses côtés
Sculpture luisante en bois représentant une grue blanche le bec levé.
Texte à l’écran : Sonny Macdonald était un sculpteur de renom qui aimait passer du temps avec ses trois enfants, ses sept petits-enfants, son arrière-petit-fils et Helen, sa femme depuis 55 ans
Noirceur totale.
(Soft (Aqittuq) de Silla & Rise)
(Musique hip-hop atmosphérique)
Des fissures dans un plan d’eau gelé. Une grande étendue de neige et de glace, des pierres noires un peu partout. Des empreintes de chien dans la neige. Un attelage de chiens huskies tire un traîneau. Une jeune Autochtone au nez percé marche en portant un sac à dos. Devant elle se dévoile un petit village au bord de l’eau.
Texte à l’écran : Adolescence
Un panneau d’arrêt en Inuktitut.
- [Adolescente] Comment se fait-il qu’un ventre plein de fumée noire soit à la fois si vide et si lourd?
Elle passe devant une murale colorée.
- [Adolescente] Je suis seule.
J’ai besoin d’anaanatsiaq [grand-mère].
(Uqausissakade Riit avec Elisapie)
(Musique mélancolique)
Elle poursuit son chemin sur l’étendue d’eau glacée, où défile l’animation d’un attelage de chiens huskies.
- [Adolescente] Mon anaanatsiaq est née dans l’indépendance.
Du sein de sa mère coulait le sang du phoque.
Empreintes de chiens et traces de traîneaux allant vers l’horizon plein d’ancêtres et de parents se tenant dans leurs bras.
Les huskies se volatilisent.
- [Adolescente parlant en inuktitut] Anaanatsiaq, penses-tu souvent à ta mère?
- [Grand-mère parlant en inuktitut] Chaque fois que j’ai mon ulu [couteau] en main.
- [Adolescente] La colonisation a été la puberté de mon anaanatsiaq.
Quand elle a eu 13 ans, vague après vague d’hommes blancs, pièces tintantes.
Catéchisme, catéchisme, cataclysme, cataclysme, toux, toux, toux.
Particules blanches flottant dans la noirceur.
(Souffle du vent)
- [Adolescente] Tu ne savais pas que c’était ton dernier jour avec ta mère?
- [Grand-mère parlant en inuktitut] Je ne savais pas que le bateau me l’enlèverait pour toujours.
- [Adolescente] Je ne me rappelle pas ma mère.
Le père de mon anaanatsiaq avait des qimmit [chiens] qui l’aidaient à parcourir terre et glace.
(Chiens pleurnichant)
- [Adolescente] Je m’imagine le silence après que les policiers ont tué ses chiens.
(Coups de feu)
Une goutte rouge sur fond blanc.
(Vent hurlant)
- [Adolescente] Pas de hurlements, pas de bousculades.
Des flaques rouges.
- [Adolescente] L’inverse d’une émeute, c’est le calme.
Et pour les Inuits, le silence n’est pas consentement.
Il est souvent protestation.
Le liquide forme une silhouette.
- [Adolescente] Pas de chiens, pas de femme, pas de mère pour ses enfants, pas de sépulture pour son amour. Son silence impassible devait être assourdissant
Une animation sur fond d’aurores boréales vertes.
(Musique mélancolique)
- [Grand-mère parlant en inuktitut] C’étaient des temps durs. Nous avons été chassés de nos camps, nous étions affamés.
On nous a envoyés dans des pensionnats. On a fait de nous des orphelins.
Nous étions des enfants libres. Et, du jour au lendemain, nous sommes devenus des adultes pauvres, dépendants du gouvernement de l’homme blanc.
Être jeune aujourd’hui, c’est comment?
- [Adolescente] C’est toujours difficile, Anaanatsiaq.
La nuit dernière, mon amie voulait mourir. Elle va mieux maintenant, mais nous avons tous peur.
Une jeune autochtone portant un sac à dos s’avance sur une grande étendue de glace.
Texte à l’écran : Avant 1960, il n’y avait pratiquement pas de suicides chez les Inuits du Canada
En 2011, le taux de suicides chez les Inuits était près de 10 fois supérieur à la moyenne canadienne. La plupart des suicides sont commis par les moins de 25 ans.
- [Grand-mère parlant en inuktitut] Aittaa [Quelle tristesse]. Nous avons les outils pour bâtir nos propres forces.
Continue de faire ce que tu fais pour être forte, ma chérie.
Une jeune femme tient un couteau à la lame courbe par son manche de bois.
- [Adolescente] Mon ulu porte les traces de ma famille, de mon arrière-grand-mère, de ma grand-mère et de ma mère.
Chaque jour, mes gestes, mon ulu, brillent par la continuité. Ils ne m’ont jamais enlevé ce lien.
Elle continue d’avancer dans le paysage glacé.
- [Adolescente] Anaanatsiaq, il y a trois ans que tu es décédée.
Je souhaite partager une tasse de thé et du palaugaq [pain bannique] avec toi.
Elle s’assoit sur la banquise et verse du liquide dans le couvercle de son contenant isotherme.
- [Adolescente parlant en inuktitut] Nous sommes toujours un tout. Nous sommes un tout. Un grand tout.
Elle verse le liquide sur la glace.
(Musique dramatique s’intensifiant)
(Aboiements)
Des huskies harnachés courent sur la neige et la glace.
Huit chiens de traîneau tirent deux personnes sur la glace par une journée ensoleillée.
La jeune femme au nez percé est assise sur le traîneau avec une autre jeune femme. Toutes deux sourient. Elles ont les joues et le nez rouges.
Fondu au noir.
(The Unforgotten de Iskwe avec Tanya Tagaq)
L’arrière de la tête d’un homme qui regarde un rectangle de peinture blanche sur un mur de brique rouge à l’extérieur.
(Musique autochtone entraînante)
Le jeune homme, portant un chandail à capuchon rouge et des espadrilles blanches, marche lentement dans une ruelle.
Texte à l’écran : Âge adulte
♪ Nous sommes la guerre oubliée ♪
♪ Nous gardons la tête haute face à l’autre camp ♪
Winnipeg, Canada
- [Voix 1] On va déborder un peu de cette partie-ci.
Ici, c’est parfait. Mais comme ça ici ou comme ça.
- [Voix 2] OK, donc on suit la ligne?
- [Voix 1] Ouais.
♪ On chante : oh, oh, oh, oh ♪
Debout sur un échafaudage électrique, le jeune homme peint le mur de briques.
Il pulvérise de la peinture noire sur le blanc, traçant les contours d’un visage d’homme.
(Musique autochtone entraînante)
Le jeune homme s’éloigne du site, un harnais pendant à sa taille.
Plus tard, il ajoute des détails au visage, dont une moustache noire.
Texte à l’écran : Stephen Gladue, Muraliste
- [Stephen Gladue] Sa mort ne doit pas être vaine.
Elle s’inscrit dans l’Histoire.
Je crois qu’en montrant son visage, on attire l’attention sur la santé des Autochtones, sur notre bien-être, sur nos vies. Ça devient important.
C’est une œuvre très importante.
Des nuages noirs défilent.
(Musique autochtone s’intensifiant)
Stephen s’élève avec l’échafaudage électrique. Il continue de dessiner le visage avec de la peinture en aérosol. Assis sur le trottoir et toujours harnaché, il parle en regardant la murale.
- [Stephen] En montrant son visage comme ça, on va le faire connaître. Ça va sensibiliser les gens.
C’est la seule façon de changer les choses. Il faut d’abord que les gens le reconnaissent.
Un jeune homme prend une photo de la murale avec un téléphone.
(Sirènes)
Stephen poursuit son œuvre. Ses cheveux foncés descendent jusqu’à ses yeux.
- [Stephen] Ça fait quelque chose, être dans son quartier.
Beaucoup de gens passent par ici. Je dirais que 60 % d’entre eux savent exactement qui il est.
Il peint en blanc le foulard de l’homme.
- [Stephen] J’ai fait des recherches.
Il n’y a pas beaucoup de photos.
Il y a celle-là. Elle est en noir et blanc.
C’est une bonne photo.
Il regarde au loin vers… Qui sait?
Stephen descend de l’échafaudage.
Il verse de la peinture noire dans un bac rempli de peinture grise.
- [Stephen] J’ai décidé de le représenter comme s’il était en ville.
Les couleurs des ambulances, des voitures de police.
Un sentiment d’urgence. L’urgence évoquée par les gyrophares.
(Sirènes)
Il y a du jaune et du rouge dans le visage de l’homme.
- [Stephen] J’essaie de voir où je vais mettre les chiffres, où je vais mettre les heures.
Le nombre 34 est visible à la gauche du visage.
- [Stephen] Quand les gens passent ici, ils voient ces chiffres.
Ils se demandent ce qu’ils représentent.
« 34 heures » en haut complètement.
Et tout juste en dessous, je vais écrire « 45 ans ».
Scènes de vie urbaine où l’on voit entre autres un motel trois étoiles, un commerce dont l’enseigne dit « Nourriture et articles ménagers » et un pont bordé d’un grillage courbé. Stephen porte un harnais.
(Musique autochtone à son paroxysme)
Il se tient dans une allée. Il porte un chandail à capuchon rouge.
Il tient un contenant aérosol de peinture dans chaque main.
Il prend la pose avec un autre homme devant la murale. Ils sourient.
La murale terminée montre un Autochtone à la moustache foncée et aux cheveux courts foncés portant un foulard à carreaux.
Il est écrit 34 heures, 45 ans, 2002, 7, 2019, 11.
(Sirènes)
Texte à l’écran : En 2008, Brian Sinclair – un autochtone – s’est présenté à l’hôpital pour un problème de santé traitable
(Musique autochtone entraînante)
Il a attendu 34 heures dans la salle d’urgence, avant d’y décéder, faute de soins. Et ce, malgré les inquiétudes soulevées par les autres patients présents.
Il avait 45 ans.
Une enquête publique sur la mort de Brian Sinclair a été menée en 2014.
Sa famille s’est retirée de l’enquête en mentionnant le manque d’attention aux schémas de racisme systémique dans les soins de santé.
2019. Au Manitoba, l’espérance de vie des membres des Premières Nations est de 11 ans inférieure à celle des personnes non autochtones.
Citation à l’écran : « Ce portrait est si grand dans l’espoir que vous ne pourrez pas détourner le regard. » Fin de la citation. Huile sur pierre, 2020, S. Gladue.
Écran noir.
(Gazouillis)
Vue aérienne d’une forêt d’arbres vert foncé.
(Look How the Stars Shine For You de Randy Wood)
(Chant et percussions rythmées)
Au niveau du sol, on voit de nombreux arbres au mince tronc blanc. Le ciel bleu est visible à travers leur feuillage.
Une femme portant des gants de jardinage rose, une petite truelle à la main, s’accroupit dans la forêt.
- [Voix 1] Et on tire pour le ramasser.
- Je suis diabétique, ça va être bon pour ma circulation et mon énergie.
Il y a aussi des fraises là. T’as vu? Des plants de fraises.
- [Voix 2] Le fraisier, c’est un médicament pour le cœur. Il y a des vignes.
Ça ressemble aux veines du cœur, aux veines du corps.
- [Voix 3] Avant, il y en avait tout le long de la route.
Il y a des crottes de lapin ici.
- [Voix 4] Il y en a beaucoup!
Une femme aux longs cheveux cueille des fleurs violettes.
De la brume flotte au-dessus d’un plan d’eau flanqué de hautes herbes.
Texte à l’écran : Vieillesse
Des gens marchent dans un champ par une journée ensoleillée.
Texte à l’écran : Première Nation Ojibway de Keeseekoowenin
- [Voix 5] Mon Dieu, c’est comme de l’or! Regarde ça! Il y en a une tonne!
On peut carrément le sentir quand on fouille la terre.
Eurêka!!
(Rires)
- [Voix 5] Ça fait des années que j’en cherche.
C’est de l’acore [roseau aromatique]. Ça a des propriétés particulières, comme de soulager la douleur.
Texte à l’écran : Stella Blackbird, Guérisseuse
- [Stella] Elles ont un but, ces plantes. Ce sont nos frères et sœurs. Ces plantes ont une raison d’être, comme nous qui voulons survivre.
Nous guérir les uns les autres. C’est le cadeau qu’elles nous font, et nous l’honorons.
Text à l’écran : En 1936, les Ojibwés de Keeseekoowenin sont expulsés de leurs terres pour créer le parc national du Mont-Riding
(Dec 31st de Matthew Cardinal)
(Musique contemplative)
Text à l’écran : Le gouvernement a brulé leurs maisons, les forçant à s’installer ailleurs.
- [Stella] Le foin d’odeur représente les cheveux de la Terre mère. Ses brins ont beaucoup à nous enseigner. Quand il est tressé, on ne voit que deux brins. On ne voit jamais le troisième.
C’est l’homme et la femme et l’enfant à venir.
Homme, femme, enfant.
Homme, femme, enfant.
Text à l’écran : Pendant des décennies, les guérisseuses ont cueilli les plantes de leurs terres traditionnelles en secret
- [Stella] On recueille beaucoup, beaucoup de plantes. C’est beaucoup de travail, mais je consacre ma vie au bien des autres, et ça en fait partie.
Les gens viennent nous voir. Pour toute maladie, il y a une plante-remède.
Pots étiquetés contenant des matières végétales. Fleurs jaunes et violettes.
(Gazouillis)
Texte à l’écran : Rainbow Chartrand, Étudiante de quatrième année
- [Rainbow] Je me souviens de suivre Stella d’un endroit à l’autre. Elle allait si vite, j’avais peine à la suivre.
(Rires)
- [Rainbow] Elle nous a amenés à plein d’endroits. Et, de retour au camp, j’étais dépassée par tout ce savoir, par tous ces enseignements.
(Musique contemplative)
Bouquets de tiges attachées avec de la laine. Fleurs violettes suspendues à l’envers.
Texte à l’écran : Audrey Bone, Guérisseuse
- [Audrey] Nous enlever notre terre… Je n’arrivais pas à croire que les gens pouvaient être si cruels.
Je n’étais pas entière parce que je n’avais pas de lien avec les plantes, avec les arbres.
Cette rupture n’était pas ma faute. C’était la faute du gouvernement, qui nous a enlevé notre terre avec beaucoup de méchanceté et de cruauté.
Audrey enfonce sa main dans le sol boueux de la forêt.
- [Audrey] Il fallait que je guérisse. Il fallait soigner mon être intérieur.
Il fallait chasser ces fausses idées qu’on m’a mises dans la tête, comme quoi je ne vaux rien.
(Musique au piano)
Forêt luxuriante vue du ciel.
Stella Blackbird parle. Elle est à proximité d’un tipi.
- [Stella] J’ai grandi dans un pensionnat. Tous les jours, il y avait des abus.
Ils ont coupé nos cheveux. J’avais de longs cheveux. Ma mère me faisait des tresses. Ce sont des antennes pour communiquer avec les esprits. Avec le Créateur.
Ils nous ont rasés très haut. Ensuite, ils nous ont versé du kérosène sur la tête... pour tuer les poux, qu’ils disaient.
Elle enfouit son visage dans ses mains.
(Pleurs)
- [Stella] Mon enfance s’est terminée là. Je n’ai jamais eu d’adolescence comme vous.
Stella est assise parmi de hautes herbes au bord de l’eau.
- [Stella] Je me suis mise à avoir honte. J’avais honte de ma peau. Honte d’être une Indienne.
(Chants)
Texte à l’écran : Stella Blackbird et Audrey Bone ont ouvert le Camp Medicine Eagle en 2009.
- [Audrey Bone] Les plantes ont une raison d’être, un pouvoir guérisseur qu’il faut respecter.
Extérieur d’une petite maison dont la peinture s’écaille.
À l’intérieur, Stella ouvre des pots de feuilles.
- [Stella] Ça, c’est de l’acore, ou du rat root. On peut le faire bouillir dans six pintes d’eau [6,82 litres] si on veut l’utiliser une seule fois. Mais on peut aussi le faire bouillir dans trois pintes d’eau [3,41 litres] jusqu’à six…
Texte à l’écran : Candace Demarai, Étudiante de quatrième année
- [Candace] C’est très important d’avoir une connexion avec les remèdes, de savoir ce qu’on cueille et pour qui on le cueille.
Ça a toujours fait partie de nous. Quand on a ce lien, les remèdes fonctionnent beaucoup mieux parce qu’on y croit.
- [Rainbow] J’ai ici une occasion qu’elles n’ont pas eue.
Je suis très honorée d’avoir côtoyé Stella pendant toutes ces années. Écouter son histoire, l’écouter parler de sa vie, ça m’a donné la force de surmonter les obstacles dans ma propre vie.
Audrey, Stella et d’autres personnes dans un champ où poussent différentes herbes et plantes à fleurs, avec la lisière de la forêt en arrière-plan.
(Chants)
Stella tient plusieurs tiges. Audrey et ses élèves sont assis en cercle. Quelques personnes tenant des pelles se dirigent vers la forêt.
(Des gens discutent)
- [Audrey Bone] Il y a une terre où je peux venir, où j’ai ma place. Ça fait partie de moi. Je me sens maintenant entière.
(Chants)
Dans une tente, une femme suspend des fleurs à une corde. Trois femmes se trouvent dans un étang. L’une d’elles fouille au fond de l’eau.
Des véhicules récréatifs et des tentes dans une clairière.
- [Stella] Je sais aujourd’hui que je ne suis pas une Sauvage.
Je sais aujourd’hui que notre peuple était très spirituel. C’était caché.
Ce qui m’apporte la paix, aujourd’hui, c’est la cueillette de remèdes. Depuis 30 ans, c’est ce que je fais. Je voyage partout pour me retrouver, pour trouver ma place.
(Chants)
- [Stella] Aujourd’hui, ma place est ici.
Je suis l’un de ces arbres. Je suis l’herbe, je suis vous. Je suis dans tout.
J’ai ma place.
(Chants et percussions rythmées)
Texte à l’écran : En 2013, le gouverneur général du Canada a remis à Stella la Médaille du souverain pour les bénévoles.
Stella Blackbird est décédée le 27 juin 2020.
Elle avait 82 ans.
♪ Look how the stars shine for you ♪ ♪ My one and only you ♪ ♪ They're telling you ♪ ♪ I love you ♪
(Musique douce)
(Great Wide Open de William Prince)
Générique : Producteur délégué, Ewan Affleck; Réalisation, Christopher Paetkau; Coréalisation « Naissance », Adam Gualtieri; Coréalisation « Adolescence », Ewan Affleck, Adam Gualtieri, Chloe Ross-Rogerson; Coréalisation « Âge adulte », Adam Gualtieri, Chloe Ross-Rogerson; Création et scénario par Ewan Affleck, Christopher Paetkau, Chloe Ross-Rogerson, Adam Gualtieri, Stephen Gladue; Producteurs, Christopher Paetkau, Chloe Ross-Rogerson; Directeurs de création, Stephen Gladue, Jennifer Podemski; Directrice musicale, Leela Gilday; Muraliste, Stephen Gladue; Poésie par Laakkuluk Williamson-Bathory; Direction photographique, Adam Gualtieri, Christopher Paetkau; Montage, Adam Gualtieri; Animation, Stephen Gladue, Catherine Vu, Adam Gualtieri; Montage sonore, Adam Gualtieri; Directrice de production, Chloe Ross-Rogerson; Conseiller principal de projet, Alika Lafontaine.
♪ Oublie-moi quand tu seras au ciel ♪♪ Je te souhaite d’être en paix ♪♪ La tête dans les nuages ♪♪ Vas-y, tourne la page ♪♪ Repose-toi, je prends le relais ♪♪ Ce serait ma consolation ♪♪ Pour tout ce que j’ai perdu ♪♪ Nous nous retrouverons à la fin du monde ♪♪ Où le pardon est absolu ♪♪ Rendez-vous dans l’immensité ♪
Mettant en vedette : Morningstar Mercredi, Sonny Macdonald, Akutaq Williamson-Bathory, Makpa Otak, Jeannie Arreak-Kullualik, Leetia Eegeesiak, Stephen Gladue, Stella Blackbird, Audrey Bone, Rainbow Chartrand, Candace Demarai.
Sincères remerciements aux personnes qui ont partagé leurs témoignages : Morningstar Mercredi, Sonny Macdonald, Audrey Bone, Stella Blackbird, Rainbow Chartrand, Candace Demarai. Détenteurs du savoir et experts en la matière : Alika Lafontaine, Aluki Kotierk, Marie Wilson.
♪ Où ruissellent le lait et le miel ♪♪ Fini le chagrin dans ce monde divin ♪♪ Cette immensité éternelle ♪♪ Ta rançon terrestre sera payée ♪
Titre du film – Devoir de mémoire [Traduction libre de « The Unforgotten »], gracieuseté de Iskwé. Image murale inspirée d’une photographie, gracieuseté de Maurice Bruneau.
♪ La peine vécue, oubliée ♪♪ Te voilà dans un royaume de magasins sans fin ♪♪ Où l’on n’attend plus jamais pour rien ♪
Équipe de production du Nunavut : Direction photographique, Jamie Griffiths de Chickweed Arts; Cadrage, Jamie Griffiths de Chickweed Arts; Caméra Gimbal, Rico Manitok; Pilotage de drone, Thibaut Larquey; Mixage sur le terrain, Thibaut Larquey; Guide de sécurité sur la glace, Jimmy Qaunirq; Supervision des chiens d’attelage, Jovan Simic.
Remerciements particuliers à : L’équipe de l’Association médicale canadienne, Helen MacDonald et sa famille, Robert Sinclair et sa famille, Vilko Zbogar, Steve Loney, Karen Blondin Hall, Janelle Bruneau, Dana Francey, Loren McGinnis, Shooters Productions, Raw Rental House, Midcan Productions, K.T.R. Investments Limited. Transcriptions, Jeannie Arreak-Kullualik, Rev.com. Traductions, Jeannie Arreak-Kullualik, Edgar.ca, Elizabeth Biscaye.
♪ Et enfin ton âge n’aura plus d’importance ♪♪ Comme dans les dernières pages d’un roman ♪♪ Et près des étoiles ♪♪ Tu perceras le voile ♪♪ Et connaîtras la clémence ♪♪ Amène-moi vers cette immensité ♪♪ Qui pardonnera tous mes péchés ♪♪ Vite que vienne mon heure non, je n’ai pas peur ♪♪ J’ai tellement hâte de te retrouver ♪♪ Rendez-vous dans l’immensité ♪
Musique : « Fire Songs », écrit et interprété par Nigel Irwin et Bryden Gwiss Kiwenzie; « Rebuild », écrit et interprété par Greyson Gritt et Silla; « Ice », écrit et interprété par Diyet Van Lieshout; « Magdalene », écrit et interprété par David George Leach; « Michael Grandgambe's Love Song (For Rosie) », écrit et interprété par Stephen Kakfwi; « Soft (Aqittiq) », écrit et interprété par Silla et Rise, « Uqausissaka » avec Elisapie, écrit et interprété par Rita Clair Mike Murphy, Elisapie Issac et Andrew Morrison, « The Unforgotten », écrit et interprété par Iskwë, Eddy Robinson, Tanya Tagaq, Dan General, Greg Giesbrecht, Joshua Banfield, Mary Ancheta et Melissa Bandura, « Look How the Stars Shine on You », composé et interprété par Randy Wood, « Dec 31st », écrit et interprété par Matthew Cardinal, « Grandmother’s Song », composé et interprété par Fawn Wood, « Great Wide Open », composé et interprété par William Prince
♪ Où ruissellent le lait et le miel ♪♪ Fini le chagrin dans ce monde divin ♪♪ Cette immensité éternelle ♪♪ Rendez-vous dans l’immensité ♪♪ Où ruissellent le lait et le miel ♪
Texte à l’écran : Si ce film a provoqué chez vous de puissantes émotions ou des pensées négatives, vous pouvez obtenir de l’aide auprès des services suivants : Ligne de prévention du suicide ( 1 8 6 6 2 7 7 3 5 5 3), Ligne d’écoute d’espoir (1 8 5 5 2 4 2 3 3 1 0).
Une production de BUILD. Films et de Networked Health
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